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jeudi 3 mai 2012

Record historique pour le Cri, adjugé 119,9 millions $



Seules huit oeuvres avaient auparavant dépassé 80 millions de dollars lors d'une vente aux enchères.
Photo: Reuters

Agence France-Presse
New York

Une version du Cri du peintre norvégien Edvard Munch a été adjugée mercredi soir chez Sotheby's à New York 119,92 millions de dollars, devenant l'oeuvre d'art la plus chère jamais vendue aux enchères.

La vente dans la salle comble de Sotheby's n'a duré que 12 minutes, grimpant parfois de plus de 10 millions en une minute. Sept acheteurs se sont âprement disputés cette oeuvre phare, estimée à 80 millions de dollars.

Le pastel réalisé en 1895 et représentant un homme criant, les mains sur les oreilles, sur fond de ciel ensanglanté à Oslo, était la seule des quatre versions du Cri encore détenue par un particulier.

La vente s'est terminée sous des applaudissements nourris, alors que le commissaire priseur, Tobias Meyer, annonçait «un record mondial».
Entre 1893 et 1910, Munch, peintre expressionniste (1863-1944) avait réalisé quatre versions de ce tableau devenu au fil des ans le symbole de l'angoisse universelle.

Celle que la maison Sotheby's mettait aux enchères lors de ses ventes d'art impressionniste et moderne, appartenait depuis 70 ans à la même famille, celle de l'homme d'affaires norvégien Petter Olsen, dont le père Thomas était un voisin, ami puis protecteur de Munch.

Elle avait la particularité d'inclure, inscrit en lettres rouges sur son cadre de bois clair, le poème ayant inspiré cette oeuvre parmi les plus connues au monde.

Les trois autres versions du tableau appartiennent au musée Munch d'Oslo (2) et à la Galerie nationale d'Oslo (1).

Le Cri, avait souligné Sotheby's, est l'une des oeuvres les plus «reconnaissables immédiatement, dans l'histoire de l'art et la culture populaire, peut-être la deuxième après la Joconde».

Le tableau, qui a fait l'objet d'innombrables livres, films et études, et a été décliné au fil des ans sur des tasses, calendriers, tee-shirts et autres objets de la vie quotidienne, est «l'une des rares images qui transcendent l'art et l'histoire pour atteindre la conscience internationale», avait souligné Simon Shaw, responsable du département impressionnisme et art moderne de Sotheby's à New York avant la vente.

Seules huit oeuvres avaient auparavant dépassé 80 millions de dollars lors d'une vente aux enchères.
Le record mondial était jusqu'à présent détenu par un Picasso, Nu au plateau de sculpteur, vendu 106,4 millions de dollars en mai 2010 chez Christie's à New York, suivi par un bronze de Giacometti L'homme qui marche (104,3 millions de dollars chez Sotheby's à Londres en février 2010). La 3e oeuvre à avoir dépassé 100 millions de dollars est un autre Picasso, Garçon à la Pipe (104,1 millions de dollars en mai 2004).











Dans son journal, le 22 janvier 1892, Munch avait ainsi expliqué son inspiration pour Le Cri: «Je me promenais sur un sentier avec deux amis. Le soleil se couchait. Tout à coup, le ciel est devenu rouge sang. Je me suis arrêté, épuisé, me suis appuyé sur une clôture, il y avait du sang et des langues de feu au-dessus du fjord bleu-noir et de la ville. Mes amis ont continué, et je suis resté là, tremblant de peur. J'ai senti un cri infini qui passait à travers l'univers».




«J'ai vécu avec cette oeuvre toute ma vie, et son pouvoir et son énergie n'ont fait qu'augmenter avec le temps», avait déclaré avant la vente Petter Olsen, son propriétaire.

Avec les revenus de la vente, il a prévu de construire un nouveau musée dédié à l'artiste en Norvège.
«Munch, né en décembre 1863, et dont le travail avait été qualifié de «dégénéré» par les nazis qui avaient retiré ses tableaux des musées allemands, est mort le 23 janvier 1944.

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